Pascal Khalil peint un univers entre ciel et eau, une nature naturante aux confins du réel.
Femme nature, femme totem, femme regard, celles-ci apparaissent d’entre les frondaisons d’une végétation, surgissent d’un reflet lacustre, d’une lagune crépusculaire pour faire totem ; statuaire reliant Gaïa à Uranos et dont les regards vous accrochent l’oeil en une persistance rétinienne vivace. La mort, omniprésente, semble hésiter entre noirceur et féérie ; des marécages aux paradis perdus, les ténèbres jouxtent la fête.

Conciliant dessin et couleur, Khalil baigne sa peinture d’une lumière surnaturelle, celle de la vivaci- té des tons dont la frontalité obsédante place le regardeur face à des mondes imaginaires d’une clar- té vespérale. Turquoise, pourpre, écarlate, jaune de Naples ou de cadmium ; couleurs froides et chaudes rythmées de noirs profonds et rehauts de blanc se côtoient dans une palette à la fois sourde et incandescente.

Khalil opère une synthèse entre équilibre des masses, héritage cubiste, et tracé expressif, libre et précis. Le peintre architecte au mouvement fugace, vif, spontané livre une peinture de geste, force de vie qui s’exprime dans le jaillissement de verticalités saillantes, celles de silhouettes féminines ou végétales, telles des sagaies vibrionnant sur la toile.

Peinture de paysage ou portraits profitent de la même intensité : cette synthèse entre courbes et masses induit la lecture d’une violence contrôlée aux couleurs d’une autre réalité.

Ses mondes, à la frontière de l’abstraction, se découvrent dans une composition kaléidoscopique voire métonymique où les couleurs se suivent sans se mélanger : la touche est pavimenteuse, le des- sin sinueux, la toile animée.

Pascal Khalil est formé aux Beaux-Arts de Bordeaux puis obtient son diplôme d’architecte à Toulouse en 1981. Après avoir exercé son métier d’architecte, il s’adonne aujourd’hui entièrement à la peinture. Il vit et travaille à Rabat.

Benjamin Leymarie