Louis Le Kim est une école.

La manière dont j’en parle depuis longtemps est assez établie. A vrai dire j’en parle assez peu et essaie d’en montrer beaucoup.

D’abord, la photographie, pierre angulaire, témoin de la réalité de l’engagement de Louis Le Kim, engagement physique -a minima- qui ruisselle sur l’ensemble de son oeuvre ; mais commence ici : l’exploration.

De l’exploration, il résulte une collection d’artefacts inouïe autant qu’inédite. Ces collections ont valeur d’archive, historique, esthétique, artistique. Louis Le Kim compose des assemblages à partir de ces objets, ce sont des bas-reliefs, des sculptures, souvent dénonciatrices d’une fonction détournée - et géométriquement crédible -.

Au dessin : d’une part, architectures descriptives, celles de l’observateur attentif au carnet rouge dont l’acuité (précédée catégoriquement par l’enthousiasme) préfère souvent à un coucher de soleil l’angle d’un mur et son ombre, l’agencement d’un réseau tubulaire et sa fonction, les serrures et leurs clés .
D’autre part, architectures inventées, art de la combinatoire, Beau Idéal appliqué à l’architecture ; ces dessins sont autant de prolégomènes, à l’instar de la photographie, à l’expression finale picturale peut-être ; pour autant ils constituent également une oeuvre autonome qui de l’efflorescence de l’imagination architecturale débridée et utopique s’oriente aussi vers des options qui appellent naturellement une collaboration avec un architecte. Il en est question.

A ce stade, j’insiste sur l’autonomie de la photographie de Louis Le Kim. Il faut comprendre que quiconque se rend dans des lieux extraordinaires peut probablement faire une belle photo. Pas sûr. En revanche, il ne faut pas imaginer qu’une photo extraordinaire d’un lieu extraordinaire ait pu être prise par quiconque autre qu’un photographe extraordinaire.

Le débat d’une primauté d’un art sur un autre étant enfin acquis obsolète, voyons alors la Peinture.
Cette peinture existe par l’exploration, elle est résurgence d’architectures, d’espaces, de leurs histoires et de leurs accidents, vus, vécus, traversés, ressentis et recomposés.
Peinture à l’huile tendue, aux nuances virtuelles, espaces architecturés impossibles, parfois obsédants, toujours stables. Le béton aux lignes cinglantes rencontre souvent le caverneux d’une entité géologique. Les espaces et les plans font douter nos certitudes, ils communiquent. La lumière d’un néon, la vedute qui nous invite dans le tableau par le bleu d’un horizon céleste ou marin.

Architectures industrielles, Constructions désolées, Monuments éventrés. Sols, Ciels, Silences.

Après avoir entr’aperçu la peinture, le visionnage d’une vidéo de Louis Le Kim résumant en quelques minutes plusieurs années d’exploration : France, Belgique, Kazakhstan, Irak, New York : géométries, bruits de clés, de pas, d’écho, est un canal important pour s’imprégner encore plus avant dans l’intention de cet artiste.

Benjamin Leymarie